Raymonde Vincent

Raymonde Vincent, du Berry au prix Fémina 1937 

Née dans une famille de paysans pauvres de l’Indre, orpheline de mère, Raymonde Vincent a eu l’audace de vivre sa vie de femme libre. Cette romancière, auteur d’une dizaine de livres, a obtenu en 1937 le prix Fémina avec son premier roman « Campagne » :  On y découvre le portrait d’une jeune berrichonne pendant la première guerre mondiale. Dans ce roman, elle évoque avec justesse et pudeur le monde paysan tel qu’elle l’a connu et les horreurs de la grande guerre, durant laquelle elle a perdu un frère.

Aujourd’hui méconnue, une partie de ses archives littéraires est conservé aux Fonds Patrimoniaux de la ville de La Châtre.

Raymonde Vincent, vers 1937, photographie
Collection Fonds patrimoniaux, Ville de La Châtre
Son enfance, sa vie à Paris, son engagement dans la Résistance et  ses retrouvailles avec le Berry.

Originaire du Berry, Raymonde Vincent est née en 1908 près de Châteauroux, dans une famille de cultivateurs. Elle n’a que quatre ans quand sa mère meurt, et c’est elle qui tient la maison de son père, modeste métayer. Elle apprend à lire seule en ânonnant son catéchisme et le journal local, ce sera toute son instruction.

À dix-sept ans (en 1925), elle part pour Paris où elle occupe divers emplois. Puis elle pose pour les peintres à Montparnasse et s’ouvre peu à peu à un monde nouveau pour elle. Raymonde Vincent rencontre Albert Béguin (1901-1957), universitaire, critique et traducteur renommé, qu’elle épousera en 1929.

La jeune femme s’instruit, acquiert une culture artistique et musicale. Pourtant c’est la nostalgie de son enfance paysanne qui va la pousser sur les voies de l’écriture. Elle fait connaissance avec des écrivains comme Bernanos ou Aragon et voyage beaucoup.

Elle écrit son premier roman «Campagne» avec lequel elle remporte le prix Fémina. Dans son œuvre Raymonde Vincent s’affirme comme femme libre, non pour suivre les modes, mais pour devenir elle-même dans une conduite solitaire, obstinée et courageuse, sans doute aidée par sa foi.

Lors d’un séjour en Allemagne elle constate la montée du nazisme et elle prend conscience de la nécessité de lutter. La guerre éclate et elle s’engage dans la Résistance. Elle publie d’autres livres comme «Orages» qui n’auront pas le même succès que le premier.

Après la mort de son mari elle décide de s’installer définitivement en Berry. Elle achète une maison avec un beau jardin à Saint Chartier en 1959. C’est là qu’elle va écrire son dernier livre, une réflexion autobiographique « Le temps d’apprendre à vivre ». Elle devient presque aveugle et meurt le 5 janvier 1985, demandant à être enterrée près de sa mère au cimetière de Saint-Lactencin. Elle laisse un roman «Hélène» qui ne sera publié qu’après sa mort.